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L’amidonnerie en vigilance sur tous les fronts

Mariane Flamary (à g.), déléguée générale, et Marie-Laure Empinet, présidente de l'Usipa, jeudi 26 septembre, à Paris.

Dans un contexte céréalier tourmenté obligeant à des adaptations, les amidonniers français ont à affronter également un recul des ventes en France et pour le grand export, ainsi qu’un phénomène nouveau : la hausse des importations de produits amylacés.

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La vigilance est de mise pour le secteur amidonnier avec des volumes en recul et le développement des importations, alors que la configuration de la récolte 2024 oblige à des adaptations, tout comme pour l’ensemble de la filière céréalière.

En effet, l’hétérogénéité des volumes collectés en termes de qualité amène les amidonniers à solliciter plus que jamais des lots homogènes auprès des organismes stockeurs pour éviter tout arrêt technique. Entre les lots, des réglages seront à opérer au niveau des outils industriels.

Privilégier l’origine France

Afin de limiter l’impact pour la filière, « les industriels vont aménager les cahiers des charges », a souligné Mariane Flamary, déléguée générale de l’Usipa, lors de la conférence de presse précédant l’assemblée générale de l’organisation, jeudi 26 septembre, à Paris.

Pourraient-ils être amenés à acheter de la matière première hors de l’Hexagone, alors qu’ils travaillent avec des céréales françaises pour 96 % de leurs besoins en moyenne, voire 99 % en blé ? « Cela est possible mais à la marge » car, comme le rappelle la déléguée générale, « les amidonniers ont des partenariats historiques et on va privilégier l’origine France ».

Perte de compétitivité pour le grand export

Cette situation s’inscrit dans un contexte où l’amidonnerie a connu en 2023 un recul des ventes en volumes sur le marché français et vers certains pays tiers, la hausse de 17 % de son chiffre d’affaires (établi à 3,9 milliards d’euros) étant en fait liée à l’inflation.

Les volumes vendus sur le marché français ont en effet baissé de 12 % vers le secteur alimentaire (55 % des volumes vendus en France) en raison d’un déstockage des industriels clients et d’une déconsommation générée par l’inflation. Et elles ont chuté de 18 % pour l’ensemble des autres secteurs, notamment sur le segment pharmacie et chimie (-21 %), en pleine crise, qui reste toutefois le premier débouché non alimentaire. L’Usipa espère une reprise de la consommation avec une inflation qui se ralentit, voire une certaine déflation qui semble se profiler.

Quant aux exportations, elles représentent 69 % du chiffre d’affaires en 2023 contre 75 % en 2022, et enregistrent un fort recul du grand export : -25 % vers la Chine et -51 % vers les États-Unis. Cependant, les ventes croissent vers la Norvège, le Royaume-Uni et la Suisse. « Nous enregistrons une perte de compétitivité vers les destinations lointaines. C’est un point de vigilance pour les années à venir », précise Mariane Flamary.

Des accords internationaux suivis de près

Et dans le même temps, un phénomène nouveau a émergé : la progression à hauteur de 13 % des importations de produits amylacés (dextrose sec, polyols…) d’origine essentiellement européenne « alors que les amidonniers français sont les premiers producteurs européens ».

Aussi, l’Usipa, représentant les quatre amidonniers français (ADM, Cargill, Roquette et Tereos), suit de très près les accords internationaux en cours. « Nous surveillons les négociations avec l’Indonésie, la Thaïlande et les pays du Mercosur, gros producteurs d'amidon et de fécule, aux coûts très compétitifs, n’ayant pas les mêmes normes que nous et n’étant pas engagés dans la décarbonation. »

Aller plus loin sur le recyclage de l’eau

En revanche, le secteur français avance bien sur le front de la décarbonation et de la gestion de la ressource en eau. Ainsi, en 2023, il enregistre, sur son Scope 1, une réduction de 30 % de ses émissions en CO2 comparativement à 2015, son objectif à 2030 étant d'atteindre - 35 %. Et il a réduit de 27 % ses prélèvements en eau depuis 2019.

Toutefois, l’Usipa souhaite que la législation sur l’utilisation des eaux recyclées dans l’agroalimentaire aille au-delà du nouveau texte publié en juillet et s’inscrive dans la lignée de pays comme la Belgique qui autorise l’introduction des eaux recyclées dans le process de fabrication. « L’amidonnerie est déjà en avance en France depuis des années sur le recyclage de l’eau et souhaite aller plus loin. »

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